Two trains runnin’ vu par…

Two trains runnin’ nous fait voyager à travers l’histoire de trois hommes passionnés de blues, partis à la recherche de bluesmen des années 20 à travers les Etats-Unis.
Ce voyage est aussi un voyage à travers la musique, au travers du blues, où le spectateur redécouvre ce style en se laissant bercer par différents bluesmen. Nous découvrons ainsi comment cette musique est née, qui sont ses précurseurs, mais aussi la vague d’idées que ce style a soulevée à son arrivée, et la volonté d’unifier les ethnies.
La musique dans ce film est traitée comme à ses débuts : avec la volonté de montrer la réalité et de la faire changer. c’est ce pourquoi j’ai beaucoup aimé ce film, la musique y a le rôle de narrateur.

De Maatschap vu par…

Inspirée d’une histoire vraie, cette fiction en quatre parties dont deux ont été diffusées lors du FIPA retrace l’histoire vraie d’une famille. Centrée sur un père juif ayant vu l’horreur des camps de concentration, l’histoire se partage entre des flashbacks de sa jeunesse pendant et après la guerre et le présent, celui d’un vieil homme dont la vie ne tient plus qu’à un fil. Le père est un avocat brillant et pousse ses quatre fils à suivre sa voie, ce qu’il réussit.
De Maatschap est un des mes favoris du FIPA et pour cause, c’est un drame familial avec un scénario bien ficelé qui nous laisse sur notre faim. Le premier épisode met en place la nature de la famille : un père d’une intelligence et d’un sérieux remarquable, une mère catholique soumise, des fils tous différents allant du mouton noir héroïnomane au premier de la classe. Tous sont attachants et de par leurs caractères singuliers tu te reconnais forcément dans l’un d’eux.
La série s’ouvre sur une grande révélation que le père veut faire à ses fils. Pas de chance, il  fait une crise cardiaque avant de pouvoir dire quoi que ce soit. Dans la salle d’attente de l’hôpital, la famille se questionne sur ce dont il s’agit. Pendant ce temps, toi aussi tu te demandes ce que cela pourrait être et tu pars sur ta propre hypothèse mais tu n’en sauras rien car l’épisode 2 est un focus sur le mouton noir et ne fait pas avancer l’intrigue. Ce qui n’est pas forcément désagréable étant donné que le fils a un background des plus atypiques. A ce moment-là tu te rappelles que ce récit est tiré d’une histoire vraie et tu demandes comment un homme venant d’un milieu aisé, ayant tout pour lui, peut tomber dans le cercle vicieux de l’héroïne.
De Maatschap signifie « Les associés » : le titre indique que le scénario tourne autour de l’entreprise familiale que devient le cabinet d’avocat paternel. Alors qu’en soi, ce qui est vraiment intéressant dans cette série, ce n’est pas la partie affaires mais la conséquence qu’ont pu avoir les camps de concentration sur le père qui fait de son héritage juif une obsession. Ses fils étant nés d’une mère catholique, ils ne sont pas juifs, ce qui l’exaspère au point de changer leur prénom pendant leur enfance et de les forcer à trouver une femme juive pour maintenir l’héritage religieux.
En somme, c’est une fiction efficace qui te fera rire, stresser et te questionner sur la vie et la famille. Si tu décides de regarder De Maatschap, je te conseille d’enchaîner les quatre épisodes si tu ne veux pas avoir la même frustration que moi qui ne connais toujours pas la grande révélation !

Inès Benkhelifa.

Fonko vu par…

Le film Fonko est un documentaire sur la révolution musicale qui a eu lieu en Afrique. Donc nous voyageons à travers les différents pays d’Afrique, à travers les différents genres, passant de l’afrobeat au hip hop africain. Ce programme nous permet aussi d’être confrontés à la situation des différents pays d’Afrique.
Ce film nous montre vraiment l’impact qu’a la musique dans ces pays-là mais il le montre en insistant sur les faits de société et la manière de les exprimer mais pas assez musicalement. Multiplier la musique dans le documentaire aurait permis de pouvoir relever les problèmes et les moyens de les contrer de manière musicale et non pas seulement face caméra et avec des plans qui ressemblent davantage à un reportage en Afrique qu’à un documentaire musical.

Mathis Hardy.

Pogledi zatvorenih očiju vu par…

“Je suis tombé amoureux au premier son.”
C’est une phrase prononcée par l’une des personnes mal-voyantes dont ce court-métrage dépeint les perceptions sonores. Mais c’est aussi la citation que l’organisation du festival a choisie pour introduire cette jeune création et cela me semblait très risqué que de présenter le programme de la sorte, au risque de placer des attentes trop hautes en lui. J’avais tort de m’inquiéter.
Etudiant le son, il m’était compliqué de rater la seule projection de la semaine de ce court-métrage serbe établissant son concept autour du rapport au son que construisent les personnes aveugles ou mal-voyantes. L’important semblait en effet ici de retranscrire des sentiments, de créer des sensations, d’oublier son état de voyant pour entrer dans une empathie totale avec un monde inconnu.
Cela ne me semblait pas chose aisée mais pourtant Dora Filipović, réalisatrice, scénariste et designer sonore du projet, a réussi en l’espace de 20 minutes à proposer une expérience bouleversante complète.
L’image, principalement composée de taches de lumières colorées diffuses, formant des images floues quand le noir n’est pas total, se met merveilleusement au service du son. On ne peut plus se fier à sa vision, l’imagination et la culture sonore doivent prendre le dessus, aujourd’hui nous sommes tous mal-voyants dans la salle. Le son nous enveloppe, nous berce, nous traverse. Il nous surprend quand son niveau augmente, nous touche par l’intonation douce et émerveillée de ces protagonistes, nous émeut par la beauté que nous lui trouvons les yeux fermés.
Le travail effectué est porteur d’émotions réelles, d’une intensité prenante, nous laissant à la fin de la séance dans un état de fascination surprenant. L’approche est originale et pertinente, la réalisation est pensée pour être plus qu’une œuvre audiovisuelle relatant le rapport au son des personnes aveugles : c’est une expérience intelligente et émouvante qui nous pousse à repenser notre relation aux autres, au monde, qui nous conseille de clore nos paupières de temps à autre pour pénétrer dans le monde riche et plein d’espoir de ceux qui ne voient pas.

Julien Chouippe-Macé.