Strip and War vu par Léo Betboy

« Les liens familiaux parviennent parfois à combler les fossés intergénérationnels ». Mais ce fossé entre les deux protagonistes de Strip and War est immense. L’ordre des plans selon lequel est organisé le documentaire, ainsi que le dialogue contribuent clairement à construire deux mentalités totalement opposées. Le grand-père, un ancien militaire, reste fortement bloqué dans la guerre, dans ses valeurs traditionnelles et tente de les diffuser aux nouvelles générations. À l’inverse, son petit-fils est loin d’être conforme aux règles conventionnelles. Il arrête ses études d’ingénieur pour réaliser ce pour quoi il est fait : le strip-tease. Son comportement, de manière plus générale, peut être vu comme l’émancipation universelle d’une nouvelle génération qui rompt avec le côté traditionnel forgé par une génération plus âgée.

Léo Betboy.

Scheme Birds vu par Léa Roux

Ce n’est pas un film sur Gemma (l’« héroïne ») mais un film avec Gemma. Et c’est sûrement pour cela qu’elle est si présente. Les cadres sont souvent près et entrent dans l’intime, dans sa relation avec sa famille, son compagnon, ses voisins, et dans ce qu’elle vit. De plus, c’est elle qui mène le récit avec sa voix. Elle présente ainsi ses amis (« Lui c’est J-P ») et dévoile les événements de sa vie et ce qu’elle en pense. Sa parole, et les prises de vue, sont intimes car très libres. Mais on peut s’interroger sur la question de la vérité de ses propos et d’une possible mise en scène. Tout au long du film, il n’y a qu’un seul regard caméra. Le grand-père de Gemma présente le pigeon qu’il tient dans ses mains à la caméra et nous parle de celui-ci. Cette ignorance est-elle le fruit de l’accoutumance à être filmé ? Peut-être pas à ce point-là. La présence d’une caméra et d’un microphone influencent inconsciemment ou délibérément la façon d’agir des gens qui sont devant.

Le fait de suivre Gemma pendant plusieurs années est intéressant et je pense nécessaire dans la construction du film afin d’avoir de la matière et de voir son évolution, de prendre du recul par rapport aux premières images et nuancer le propos. Au début, les insultes et les coups de poing fusent. Ce n’est pas le cas à la fin.

Il n’y a pas que la voix de Gemma qui raconte. Pat, son amoureux, le fait avec un débit de parole rapide. Il énonce les choses, peut-être avec pudeur ou bien l’émotion est forte et donc la prise de parole est éprouvante. Gemma est plus posée et mène le film. C’est elle qu’on entend le plus.

Le titre renvoie aux pigeons voyageurs qu’élève son grand-père, surtout présent au début. C’est une métaphore pour parler de ces jeunes nés dans un monde violent pour deux raisons. Il y a plusieurs fois l’image de ces oiseaux qui s’envolent, signe de liberté. L’image revient également sur le tatouage qu’arbore Gemma sur l’épaule. Donc, la première raison est que ces jeunes veulent être libres. La deuxième est liée au fait que les pigeons reviennent dans leurs lieux d’origine. Gemma affirme dès le début qu’elle ne partira pas de l’endroit où elle vit malgré la violence. Ce qui traduit une sorte de fatalité.

Léa Roux.

Anbessa vu par Yanis Château-Raynaud

Avant de visionner Anbessa,  j’avais pour attente un film sur la situation de vie des Éthiopiens face aux avancées technologiques, à la modernité d’aujourd’hui.  Or, c’est totalement différent, nous y suivons « l’aventure » d’un petit garçon en marge de la ville, aussi bouleversant soit-il du fait de sa confrontation à la souffrance , à la précarité. En fait, le film me semble mal réalisé, nous passons d’une séquence incompréhensible à une autre sans jamais faire un lien entre l’une et l’autre.

L’ histoire, le fil conducteur  occupe l’espace mais  ne laisse pas assez de place au véritable message. Je pense que le film se veut être un regard critique sur l’impact de l’industrialisation  dans les zones très précaires. Cependant il ne nous apprend rien que l’on ne sache déjà.

Yanis Château-Raynaud.

Sans frapper vu par Téo Cotelo

Sans frapper est un film de Alexis Poukine. Ce documentaire franco-belge traite du viol et du consentement sexuel. Pendant 1h25, nous enchaînons les témoignages de personnes ayant subi ou ayant fait subir de telles violences.

Ce film permet aux gens (dans le film et aux spectateurs) de libérer leur parole, face au silence souvent observé à la suite d’un acte pareil. Au début du documentaire, les femmes lisent un témoignage d’une femme violée, et petit à petit elle vont se détacher de cet écrit pour raconter leur propre récit. La chose chagrinante dans ce procédé est que certaines ne sont pas à l’aise et nous remarquons qu’il s’agit d’un texte lu  alors qu’on voudrait nous faire croire à un vrai témoignage. Les femmes et les hommes filmés dégagent quelque chose d’émouvant et leurs paroles sont touchantes et parfois choquantes quand ils décrivent certaines situations.

Selon moi, les principaux défauts de ce film sont la monotonie du cadrage qui reste le même tout au long du film (plan rapproché épaule ou taille frontal) et un montage lent et plat, ajouté à la durée du film, ce qui nous fait décrocher du propos assez rapidement une fois passée la première demi-heure de film. De plus, aucune voix off, et aucune explication n’est donnée et vu la multiplicité des histoires qui parfois sont racontées par plusieurs personnes différentes, le spectateur est vite perdu et ne comprend plus de quelle histoire ou quelle personne nous parlons. A part cela, ce film est touchant et émouvant et nous fait comprendre le trauma post-viol et la réaction des personnes qui le subissent.

Téo Cotelo.

Le documentaire ne vit pas

Le documentaire ne vit pas ou n’agit que peu s’il n’est pas discuté par ses spectateurs. Il est important et intéressant d’écouter les avis de chacun pour se rendre compte de l’impact de cet objet audiovisuel sur les personnes qui le reçoivent. Si le documentaire ne fait pas réfléchir, il est consommé et bu par le spectateur trop passivement. Le but premier du documentaire est de ne pas laisser le spectateur indifférent après son visionnage, de faire en sorte que son existence joue un rôle à petite ou grande échelle dans notre société.

Léo Reversat.

Ta passion récente pour les blobs

Théo DUPOUY

44 Rue des pique-prunes

32150 Cazaubon

0640563423

 

A Anglet, le                                22/01/20

Papa,

Cette semaine, se tient à Biarritz le Fipadoc, un festival destiné aux documentaires de toutes catégories. Connaissant ta passion récente pour les blobs, et l’envie de t’en procurer (notamment quand on est allé chercher les cèpes en novembre dernier), je suis allé voir un documentaire qui en parlait scientifiquement. Et je peux donc te dire que c’était peine perdue pour nous d’en chercher en plein mois de novembre par 10°. Il y a tout plein d’infos sur cette cellule qui est fascinante dans ce documentaire. Je vais essayer de me le procurer pour te le montrer, tu vas halluciner ! Bref on essaiera d’en trouver plutôt cet été dans les sous-bois. Il évolue seulement quand il fait au moins 25° et à l’ombre. J’espère que tout va bien à Cazaubon City, Je reviens vite.

Bises.

Théo

Dans l’ombre d’Hitchcock, Alma et Hitch vu par Bastien Aroztegui

Le film de Laurent Herbier s’intéresse au maître du suspense. Cependant, il décide de se focaliser sur un aspect oublié de sa carrière. En effet, le réalisateur révèle les liens qu’entretient Hitchcock avec sa vie privée et notamment avec sa femme  Alma. Elle représente son plus grand soutien, de même que sa seule et unique femme tout au long de sa vie. Le film est introduit par une scène émouvante dans laquelle Hitchcock livre un discours de fin de vie à sa femme. Cela permet d’amorcer la suite du film porté par des éléments plus secrets de sa vie.

Ce que j’ai apprécié dans cette relecture de la biographie d’Hitchcock, c’est le souci du détail que montre le réalisateur. On ressent très vite qu’il est passionné par la manière de filmer, de créer et d’inventer de ce monument du cinéma. Il essaie cependant de présenter un autre aspect que celui auquel tout le monde est habitué : ses sources d’inspiration. On compte parmi elles essentiellement sa femme, sa mère et sa sœur. Laurent Herbier dirige son documentaire grâce à une voix off illustrée uniquement par des images d’archives. Le tout est monté de manière assez dynamique et fluide. Il alterne  plans issus de films, making-of et interviews déjà enregistrées. Il en est de même pour la manière dont il décrit le caractère de cet imposant personnage. Celui-ci est présenté comme quelqu’un d’ambigu, à la fois passionné et possessif. Ses acteurs, et notamment une de ses actrices se permettent de décrire sa manière de les diriger. Celle-ci, paraît-il, est extrêmement difficile à supporter dans l’inquiétude qu’elle engendre. Il y a donc une subtilité intéressante dans la sélection des images. D’un côté, on le voit sous l’angle de l’humour anglais avec Alfred Hitchcock presents, de l’autre on le perçoit dans son caractère dirigiste notamment sur les « making-of » avec ses acteurs. Il y a donc une nuance opérée par le réalisateur, qui explique les raisons de son succès. Sa femme est alors mise en avant, car elle a l’a largement aidé dans ses projets. Or, les spectateurs oublient souvent son existence. Alma est à la fois monteuse, actrice et productrice. C’est elle qui assiste aux débuts de la carrière d’Hitchcock, tout en étant plus expérimentée que lui. Le réalisateur émet aussi des hypothèses par rapport aux motifs récurrents de ses films. A savoir la présence du suspense et de la peur, celui des « blondes en danger », des femmes fortes et de l’humour.

A l’inverse, ce que l’on peut reprocher au film de Laurent Herbier, c’est l’omniprésence de cette voix off  qui nous guide vers les sujets choisis. Cela ne permet pas de contribuer à l’esprit critique des spectateurs. Ils ne peuvent pas réfléchir à une réponse possible car rien n’est induit ou suggéré. Parmi les défauts de ce film, on compte aussi le manque de prise de risque dû à une narration assez descriptive du documentaire.

Pour conclure, je dirai que ce documentaire est instructif quant à l’angle de vue qu’il montre aux spectateurs. Malgré cette originalité, le film ne cesse de s’inscrire dans le ton de la description, ce qui donne une impression de manque de rythme.

Bastien Aroztegui.

Reconstructing Utoya vu par Thomas Hivert

Le film propose à quatre survivants de la fusillade d’Utøya (survenue en Norvège en 2011) de raconter leurs réactions et les conséquences d’un tel évènement sur leur vie, par le biais de jeunes comédiens et d’un studio de tournage.

La voix, à travers le récit, permet de faire ressortir le traumatisme qu’ils enfouissent au plus profond de leur être, sans l’empêcher de venir les hanter jour après jour. C’est donc avec de grandes émotions que les jeunes comédiens découvrent les scènes qu’ils doivent retranscrire, dans un procédé créé par le réalisateur lui-même, filmique sans être totalement psychothérapeutique.

Interrogé suite au visionnage, Javér avoue que ce sujet est très délicat pour les Norvégiens, qui n’ont accepté son projet que lorsque la mère de l’une des victimes a déclaré : « Si nous n’en faisons pas un film maintenant, c’est Hollywood qui risque de mettre la main dessus…». Et bien lui en a pris! Ce documentaire est bouleversant, déborde de positivisme et d’émotions, portés par une réalisation soignée et respectueuse de ces personnes attachantes et touchantes.

Reconstructing Utøya sera rediffusé le vendredi 24, à 09h45 au cinéma le Royal (salle 2)

Alors n’hésitez pas, foncez!

«Ne meurent que ceux que l’on oublie»

Thomas Hivert.