Lady You shot me – Life and death of Sam Cooke vu par…

Lady You Shot Me, life and death est un documentaire réalisé par David Czarnetzki qui retrace la vie et surtout la mort d’un des chanteurs, compositeurs et interprètes de la musique soul les plus importants des années 1960 : Sam Cooke.
Un documentaire qui s’intéresse particulièrement aux théories du complot autour de la mort mystérieuse du chanteur. Une histoire vue par le prisme de ses relations (surtout professionnelles) les plus proches : son agent, son producteur, son frère pour ne citer qu’eux. L’objectivité fait déjà défaut à peine les personnages présentés, nous n’aurons qu’une histoire, la plus fumeuse qui soit, celle de ses plus proches amis. Et voilà l’intérêt du documentaire tout tracé : une énième enquête sensationnaliste sur la mort d’un chanteur célèbre. Un speech presque insultant quand on voit la vie d’un des plus grands chanteurs de soul réduite à sa mort. Le fond est déjà boiteux, mais la forme met définitivement le documentaire au sol. Un montage fracturé, d’une lourdeur sans précédent (un bruitage sur chaque changement de plans), d’une dramatisation et d’une impudeur presque assimilables au sensationnalisme américain, une trame narrative totalement déstructurée : certaines images et bruitages sont répétés des dizaines de fois, ne permettant aucun sens chronologique dans l’histoire. Quant à la musique, quelle musique ? Moins de dix chansons de Sam Cooke sont utilisées dans le film et lorsqu’elles font irruption, elles sont souvent coupées par une voix off,  elles ne servent ici que de remplissage. Tant de détails pour desservir la vie d’une icône afro-américaine et faire de ce documentaire un nouveau film formaté, vidé de sens par sa forme et ses choix. Quelques images d’archives viennent donner de l’air à une voix off suffocante et omniprésente. Mais le documentaire ne reste pas sans intérêt pour autant, il reste toujours intéressant de voir à quel point le format de la télévision stéréotypée a envahi nos idées et nos esprits. Il est également intéressant de comprendre par les défauts d’une oeuvre comment prendre du recul face à certaines déviances des oeuvres audiovisuelles : résister à l’appel du sensationnel, du suspense, et de la non-subtilité sous prétexte de toucher le plus grand nombre, ce qui est pour moi une approche très réductrice et irrespectueuse pour le spectateur.

Milo Dumartin.

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